Letra de Ma Part De Songes
Tôt, je rêvais d'être Hip-Hop missionnaire, Mic professionnel sans conditionnel. Je rêvais de rimes au mètre, le sourire aux lèvres, l'avenir sommaire. Sourd aux cris de colère de ma reum, aux crises de nerfs, je rêvais de vivre au vert, libre comme l'air, pas de ce bide scolaire. Avec ma clique de collègues, notre kiff : les textes. J'avais l'envie d'en être, l'esprit de compèt', une bille en tête. A me dire poète, j'y croyais plus qu'en ce que dit le prophète. Mais ivre de sornettes, à vivre de rêves on a vite fait de se perdre. Visionnaire ? mon cul, c'est un discours de merde que de se dire connaître. Je rêvais que les petits comprennent, que mes lyrics opèrent de suites concrètes sur la vie. Je rêvais que mon rap agite d'hautes sphères. Avide de conquêtes, je rêvais d'esprits ouverts aux rites de nos vers, d'MC intègres et de types honnêtes, qu'on vive de nos textes loin de ces biz modestes et petits commerces. Je rêvais que cette zique progresse. Mise au clair : pas d'être millionnaire, ni de la voir prise au piège, victime de n'être que réussite et plus qu'une quête de hits et de pèze. Je rêvais de cette infime aubaine de vivre de ce que j'aime, de dire ce qui gêne. Avis contraire à l'heure ou plus rien ne choque personne. Nique ce show business par politesse. Je rêvais d'être cet appui hors-pair, ce fils qu'une mère, sans bruit, espère digne d'elle-même, dont elle puisse être fière. Vivre de "peut-être" et d'hypothèses, je rêvais d'autre chose. Vingt-cinq piges que je végète, construis mes chaînes. J'épuise le reste de ma prime jeunesse à rêver de mon meilleur, à me leurrer d'ombres et d'heures. J'épuise le reste de ma prime jeunesse à nier n'être qu'un pauvre rêveur.

Refrain :
C'est ma part de songes,
C'est juste ma part de songes.
Rien de plus que ma part de songes.

Comme tant de minots, je traîne. Suis de ces virées vaines où, la nuit entière, on sillonne le bled. Dans la tire, on se serre, se cotise et se paye bibine ou zet'. On file où mène l'ennui. Urbaine croisière. Ville de lumières. Buildings vue mer. Perfides manèges. Là, quelques biches entres elles que des types entraînent. Sourires de mèche. Pendant que des cris s'emmêlent sous de vieilles lanternes. Rixes dans l'air. Nocturne clientèle sous l'œil de civils en veille. Ainsi, on erre à rêver de discothèques, de filles coquettes et de petit hôtel. Blottis dans cet univers, assis, j'observe et me dis : "je m'emmerde". Puis le jour se lève et le cycle s'égrène. On se tire indemne de cette stérile quête. Leurs yeux rougis de trop d'herbe, les uns pissent, d'autres gerbent, paient le prix du rêve. Loin d'où les minots s'aiment, sur ce mur le krylon sèche. Objectifs et taux règnent. Les majors disent connaître ma zique... Je rêvais que ces types comprennent, que mes titres s'imprègnent de ces nuits sans thème. Ils saignent nos vers, les vident de leur sève pour que les chiffres s'obtiennent. Ils veulent que je m'incline, offert, et pire, que je comprenne. Je rêvais qu'on vise au ciel, conduise nos thèses hors de ces pistes sommaires. Qu'on guide le rap loin de ces clivages, de ses discours mièvres. L'épilogue m'aide. Bien que j'ai pris le plomb dans l'aile, je reste révolutionnaire. Des vapeurs de ma candeur naît le fruit : ce long texte. J'épuise le reste de ma prime jeunesse à rêver de mon meilleur, d'indépendance dans l'évolution, reste 3.6.1 légionnaire.

Refrain

(Merci à Vivien Fradin pour cettes paroles)