Gaël Faye

Zanzibar
Les miroirs nous dévorent, les glaces nous effacent La nuit on s'endort sous des masses d'angoisses À recompter les heures de l'existence qui passe Le couilles et le coeur, paraît que tout ça casse Je laisserai peu de traces, quelques mots à la marge Des chansons sur la plage, un bout d'sucre à la tasse Je retourne la terre des souvenirs à la houe Mon enfance c'est la traîne d'une mariée dans la boue Si tu plies, reste pas, fuis cette vie à la con Va marcher, ce sera mieux que la file à la pompe Trouve l'oeil du cyclone pour braver son iris Débusque l'illusion dont nos rêves se nourrissent L'argent et la gloire sont des courses qui épuisent On remporte pas les trônes sans leurs couronnes d'épines Pars au loin, au hasard ... Au large, Zanzibar ... On s'emmène en bagage même au loin de nos rives À l'autre bout du monde nos miroirs nous poursuivent Inutile de tenter de tromper l'invisible La conscience, l'oeil ouvert qui la nuit nous visite Je ne crains pas l'ami que mes rêves vieillissent Car le coeur n'a pas d'rides, n'a que des cicatrices Etranger à soi-même, au reflet dans la vitre Se connaître et s'aimer ça peut prendre la vie J'ai délaissé les routes cent mille fois empruntées Je me frotte à des doutes, des chemins escarpés Letras de cancionesLes routines m'enferment, me tuent, m'atténuent Les miradors m'encerclent, je me heurte à des murs De mes prisons mentales, je m'échappe, mets les voiles Que les vents nous emportent comme des boutres en bois Que leur fraîcheur s'engouffre dans ces ruelles blanches Où des chats indolents à l'ombre se retranchent On ment pas aux miroirs, autant feindre son ombre On court après des gloires, on veut se faire un nom Avoir une preuve de soi, qu'on est passé par là Alors on tagge des mammouths la nuit sur des parois Dis-moi, toi tu fais quoi du temps qui reste à vivre ? On se répare comment de tout c'qui nous abîme ? Les poèmes des parpaings pour fabriquer des dômes Et l'enfance ne part pas, c'est ma douleur fantôme Je dérive en rêveries du crépuscule à l'aube À faire l'tour du cadran pour quelques jolis mots Des astres brillants dans le chaos des chiens Quelques poussières d'étoiles dans un tas de déchets Il faut chercher en soi ce que son âme recèle Des prières, des mantras, ce que la vie enseigne Avant qu'nos corps ne cèdent comme des statues de sel Dansons sous les lumières du ciel... (Eh yo) Je rêve mon ami de Stone Town... From Letras Mania