Francis Lalanne

La Folle
Celle qu'on appelait la folle A laissé des morceaux de jupon Sur son chemin On en voit sous les ponts Sous les herbes folles Dans les mousses, dans les épines Et plein les buissons d'aubépines Comme des bouts de parchemin Derniers témoins de sa beauté Celle qu'on appelait la folle Était si belle toute nue Qui sait ce qu'elle est devenue ? Qui sait si elle a existé ? Et ceux qui rentrent du labour Ceux de la ferme et ceux du bourg Cachent leur tête dans leurs mains Leurs yeux se brisent dans la glace La fille que rien ne remplace Les a laissés seuls, sans amour De ceux qui rentrent du labour Qui peut se regarder en face Et qui peut sans perdre la face Dire la folle et puis pleurer ? Letras de cancionesLes femmes rient, les hommes mentent Car celle qu'on appelait la démente A disparu de la forêt Et par les chemins de traverse Sous le soleil, sous les averses Comme surgissant des enfers En proie aux barbelés de fer Aux murs d'épines, aux herbes folles Où les amoureux batifolent Entre les ronces diaboliques On voit des ombres faméliques Abandonnées comme des reliques Et des morceaux de jupon trouvés Des bouts de jupon de la folle Car depuis qu'elle s'est sauvée, C'est là tout ce qui reste d'elle Comme un dernier froissement d'ailes De papillon blessé C'est un chien qui refuse sa laisse Il faut le laisser s'en aller Celle qu'on appelait diablesse Comme un oiseau s'est envolée Mais, privés de la folle, Les hommes s'affolent Ils n'ont plus personne à rêver Les femmes prient, les cloches sonnent Et dans la forêt qui frissonne La vieille dame qui moissonne Attend ceux qui vont en crever Celle qu'on appelait la folle Parce que les hommes l'aimaient Celle dont les hommes raffolent Ne s'en reviendra plus jamais Et ceux qui rentrent du labour Ceux de la ferme et ceux du bourg A présent, que faut-il qu'ils fassent ? Celle qui de mémoire jamais ne s'efface Ne fera plus jamais surface Avec le temps tout se mélange Les démons et les anges Vont la main dans la main Celle en qui les hommes renaissent Les a privés de leur jeunesse Il n'y a plus de lendemain Celle qu'on appelait la folle A laissé des morceaux de jupon Sur son chemin On en voit sous les ponts Et sous les herbes folles Par les mousses, dans les épines Et plein les buissons d'aubépines Comme des bouts de parchemin Derniers témoins de sa beauté Celle qu'on appelait la folle Savait vous mettre un coeur à nu Qui sait le sort qu'elle a connu ? Qui sait les sorts qu'elle a jetés ? From Letras Mania