François Budet

Mon Enfant
Celui qu'on attendra le temps de trois saisons Et le temps d'inventer pour lui quatre ou cinq noms Celui qu'on écoutera au ventre, palpiter Comme un oiseau en cage, attend sa liberté Et quand il viendra ce petit étranger Avec un peu de nous, tous les deux mélangés Il sera notre chaîne et notre rendez-vous Celui qui nous sépare et nous lie malgré tout Mon enfant Il aura, je crois bien, la voix comme sa mère Cette voix qui jamais ne se met en colère Et quand il sourira, c'est un peu de soleil Qui nous réchauffera du fond de son visage Il aura de grands yeux fleuris comme les bleuets Au milieu du grand champ de blé de ses cheveux Il fera des voyages que je n'aurai pas fait Découvrant des rivages dont j'ai seulement rêvé Mon enfant Celui qui te fera les yeux tristes un matin, En parlant de voyage, de départ et de train Comme si l'on arrachait pour la seconde fois A ton corps un fruit mûr que longtemps tu portas Comme les vins de bon cru, il se bonifiera Et peut-être qu'un jour, même, il nous reviendra Refermer nos paupières quand nous nous en irons Comme là où chantèrent, péris, les bourgeons Mon enfant From Letras Mania