Etienne Drapeau

Il Rêvait
Il rêvait d'aller en mer d'être entouré de marins Il rêvait d'lever son verre à la santé des copains Il rêvait d'un monde d'hommes débarquant comme une marée Gonflé de mâles hormones, fier d'éclabousser les quais Il rêvait d'une traversée houleusement masculine Où les femmes en papier tapisseraient les cabines Il rêvait d'un équipage dont il serait un maillon Un moussaillon de passage dans une chaîne de garçon Il rêvait d'être adopté par une horde de vieux loups Dont les poils ébouriffées auraient oublié d'être doux Il se voyait déjà mousse, déjà fils de capitaine Il se voyait faire la course avec dauphins et baleines Il rêvait de s'évader par un trou dans l'horizon Avec la proue doit levée comme la pointe d'un canon Il rêvait de cette liberté que les marins vivent à l'étroit Entre une cuisine bondée et une bien maigre matelas Il rêvait de jouer aux cartes sur des tables chancelantes Avec des matelots rougeâtes qui ne tiendraient plus sur leurs jambes Il rêvait de miser ses piastres et de gagner ses paris Et puis regagner son p'tit lit en tanguant tous ses comparses Il rêvait d'un monde clos prisonnier dans l'air du large Où il n'y aurait comme nuage que celui des Malboros Soufflées par certains visages victimes des brises marines Qui taillardent et qui burinent et puis qui allongent l'âge Letras de canciones Il rêvait d'être adopté par une horde de vieux loups Dont les poils ébouriffées auraient oublié d'être doux Il se voyait déjà mousse, déjà fils de capitaine Il se voyait faire la course avec dauphins et baleines Il rêvait de s'évader par un trou dans l'horizon Avec la proue doit levée comme la pointe d'un canon Il rêvait de cette liberté que les marins vivent à l'étroit Entre une cuisine bondée et une bien maigre matelas Il rêvait d'aller en mer mais il n'est jamais parti De sont petit coin de terre de son petit coin de pays Il habite sous le même toit depuis 35 ans bientôt Et de son hublot il voit toujours le même bungalow Il a mené une belle vie il a été architecte Excellent père et mari maintenant à la retraite Il a tout bien dirigé comme un bon vieux capitaine Et pour ne pas faire de pein il n'a jamais avoué Qu'il rêvait d'être adopté par une horde de vieux loups Dont les poils ébouriffées auraient oublié d'être doux Qu'il rêvait de s'évader par un trou dans l'horizon Mais qu'il n'a jamais osé abandonner sa maison Une épouse, quatre filles et la belle-mère Simone Il est bien de sa famille le seul de sa race d'hommes Elle n'oublient pas d'être douces, elle sont toutes parfumées Elles adorent faire les courses, elle préparent de bons dîners (Merci à Josée G pour cettes paroles) From Letras Mania